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Nourrir une ruche à l’automne

Débuter en apiculture

On entend souvent dire, et à juste titre, qu’il faut des ruches lourdes à l’automne pour correctement passer l’hiver. La solution : Un apport en sirop de sucre. Oui c’est vrai, mais est-ce vraiment la seule solution ?

Pourquoi nourrir nos abeilles à l’automne ?

Une grande partie de la littérature apicole, ainsi qu’une majorité d’apiculteurs plus ou moins expérimentés, nous disent qu’il faut nourrir les abeilles au sirop de sucre afin de les alourdir pour préparer leur survie à la période hivernale.

Certains le font systématiquement ou presque, d’autre avec parcimonie et d’autre encore ne nourrissent qu’en cas de nécessité absolue.

Tant que les abeilles ont de quoi se nourrir tout va bien alors !

Il convient toujours de mettre nos petits tracas d’apiculteurs face à l’immense expérience de l’abeille en terme d’adaptation. Cala fait des millions d’années qu’elle se prépare à l’hiver selon un processus précis et éprouvé.

Pour ce qui nous intéresse (ici les réserves de nourriture dans la ruche), les abeilles accumulent du miel en quantité pour pouvoir survivre et aussi et surtout redémarrer au printemps. Est-ce qu’elles se contentent d’assécher le nectar récolté? Non, bien sur que non. Elles le transforment en miel.

Si on est si friands des bénéfices pour notre santé que nous procurent les miels, pourquoi priver les abeilles de leurs bienfaits en les remplaçant par des ersatz de nourriture?

Faut-il nourrir les ruches :

Il ne faut pas non plus être idiot au risque de perdre des colonies si un peu de sirop peu les sauver. Mais nourrir les abeilles au sucre ne devrait être qu’occasionnel. Je crois même qu’en dehors de l’aide apportée aux jeunes essaims en ruchette, ça fait un paquet d’années que je n’ai pas nourri une ruche avec plus de 1 ou 2 Kg, et ce pour 2 raisons :

– J’ai vraiment beaucoup de mal à comprendre qu’on puisse imposer à des abeilles de se nourrir uniquement d’un sucre non adapté, carencé, dépourvu de tout ce qui fait le vrai miel et qui bien souvent est issu de l’amidon de maïs voire de cultures bien pires ; donnant des sirops de piètres qualités, voire non assimilables…

Alors que oui, même dans le miel, il y a une grande diversité alimentaire ! (différents sucres, pollens, sels minéraux, oligo-éléments etc.)

– La démarche de nourrissement au sirop de sucre ne correspond pas du tout à mes fondamentaux apicoles. Mon objectif premier étant de rendre inutile et de supprimer toute intervention pouvant l’être, la démarche d’acheter un produit non adapté aux abeilles et de l’intégrer artificiellement à la ruche m’éloignerait trop des pratiques que je souhaite pratiquer et surtout partager.

D’ailleurs, lorsque je suis contraint de nourrir une ruche, force est de constater que je suis le seul responsable et que je n’ai pas bien conduit cette ruche ou ce rucher. Il n’y a pas de mauvaises réserves. Seules mes mauvaises pratiques sont à considérer…

Il faut malgré tout nuancer tout ça, surtout concernant le soutien des jeunes essaims qu’en dehors de rares exceptions d’emplacement très mellifères toute la saison, je nourris régulièrement.

Mais alors, comment assurer suffisamment de réserves à la colonie ?

Fort heureusement, il existe un produit parfait pour les abeilles : le miel !

Un régulateur thermique insoupçonné

Il est parfaitement adapté à l’abeille vous l’avez compris, mais pas seulement.

De par son inertie thermique, c’est également un moyen pour la grappe de maintenir sa température sans grosses variations et à moindre efforts. C’est comme comparer un radiateur simple et un radiateur à inertie. Le miel va accumuler la chaleur fournie par la grappe aux heures les plus chaudes de la journée (c’est à dire à moindre effort pour les abeilles), pour le restituer à la ruche aux heures les plus froides, évitant ainsi un effort supplémentaire aux abeilles et donc une surconsommation de réserves.

Comme pour tout, le mieux est l’ennemi du bien

Mais il faut aussi que la quantité soit en adéquation avec la taille et la vigueur de la grappe. Imaginons des cadres de réserves de miel en surnombre. La grappe ne pouvant pas tous les réchauffer correctement, ils vont produire l’effet inverse. Ils vont emmagasiner du froid et le restituer en journée lorsque la grappe est sensée se desserrer un peu et limiter ses efforts. Au lieu de ça, elle va devoir fournir des efforts inutiles pour maintenir la température au sein de la ruche et donc s’épuiser et consommer plus. C’est pourquoi il arrive qu’on trouve une ruche morte de faim alors même qu’il reste de nombreux cadres complets de miel operculé. Ce n’est pas qu’elles ont refusé ces cadres pour X raisons, c’est qu’elles n’ont tout simplement pas pu y avoir accès et/ou n’ont pas réussi à le réchauffer.

C’est pour ces raisons qu’il est crucial de resserrer les colonies pour l’hiver sur 7 ou 8 cadres plus partition, voire moins si les abeilles ne couvrent pas tous les cadres. De ce fait, la grappe aura toujours du miel à proximité et surtout consommera beaucoup moins car elle devra fournir nettement moins d’effort en maintenant au chaud un moindre volume.

Un hiver froid pour plus de réserves

Un autre facteur contre intuitif dans la surconsommation du miel par les abeilles est un hiver doux. Eh oui, c’est étrange, mais plus les journées sont belles, plus les abeilles sortent (repérage, vol de propreté etc.). Et pour voler, il faut du carburant. Carburant qu’elles ne trouveront pas forcément en plein mois de janvier même par une journée à +15°C, ce qui arrive de plus en plus souvent…

Un des fondamentaux de l’apiculture : l’emplacement

Mais pour moi, et pour l’avoir négligé trop souvent à mes dépends (et celui de mes abeilles), le point le plus important est l’emplacement. Il est de notre responsabilité d’apiculteur de fournir à nos colonies de quoi subvenir à leurs besoins et de ne pas les placer sur des ruchers qu’elles ne choisiraient pas naturellement. Beaucoup de facteurs sont à prendre en compte comme par ex. les ressources et notamment celles d’automne, l’exposition aux vents froids etc.

Les précautions à prendre :

  • Ça parait tellement évident qu’il est préférable de le rappeler : ne pas prélever de miel à l’automne.
  • Il est crucial de resserrer la ruche lorsque c’est nécessaire, tant horizontalement à l’aide d’une partition, que verticalement en supprimant les hausses. Le volume doit être adapté à la grappe.
  • La fausse bonne idée serait d’hiverner avec hausse (même pleine de miel) sur grille à reine.
  • Apprécier le poids d’une ruche en fonction de la taille et l’origine de son essaim et non d’un chiffre systématique et arbitraire.
  • Avoir une abeille adaptée à sa région permettra à la ruche de mieux gérer leurs réserves.
  • Surveiller attentivement les réserves lors des hivers doux.
  • En fin d’hiver, plutôt que de mettre du candi systématiquement, vérifier qu’il ne reste pas de cadre de miel non touché en rive, et le rapprocher de la grappe lors d’une belle journée.
  • Pourquoi ne pas récolter au printemps plutôt qu’en été, comme certains le font après le redémarrage, s’assurant ainsi de grandes réserves de miel. Attention toutefois au volume laissé à chauffer aux abeilles ! Déconseillé aux débutants.
  • Dans certains cas, il est aussi possible de planter de quoi pallier aux faiblesses des ruchers
  • Placer ses ruches à l’abri des vents froids mais exposés aux rayons du soleil, surtout ceux du matin.

En vous inspirant de ces recommandations basiques, et en vous imposant une certaine discipline, vous réduirez drastiquement vos quantité de sirop et dans la plupart des cas vous n’aurez plus besoin de nourrir vos abeilles.

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