Les différents modèles, avantages et inconvénients :
Tout d’abord, vous allez rechercher les modèles les plus vendus dans votre région. En dehors de l’Alsacienne, qui semble bien adaptée à sa région (d’autres le sont aussi), vous devriez tomber sur du Dadant, du Langstroth (surtout dans le sud) et du Warré.
Je vais immédiatement écarter la ruche tronc. Si tous mes choix sont faits dans l’optique d’une apiculture naturelle, il ne faut pas non plus être idiot. La ruche à cadre apporte d’énormes avantages. Il faut savoir qu’une ruche tronc n’a pas de cadre, et donc les bâtisses de miel sont construites directement sur le corps du tronc, à travers des baguettes et surtout le plus souvent solidaire du nid à couvain. Extraire du miel dans ce type de ruche est un calvaire tant pour l’homme que pour l’abeille.
Langstroth vs Dadant :
Bien qu’il existe des Dadant 12 cadres, cette comparaison se base sur des modèles 10 cadres. Les modèles 12 cadres ne seront pas abordés ici car leur conduite est trop variée et pas forcément adaptée à une conduite naturelle.
Un peu partout, le modèle Langstroth tend à céder sa place au modèle Dadant. Pourtant, sur le terrain de la simplicité, elle présente l’énorme avantage d’avoir qu’un seul type de corps et qu’un seul type de cadre.
Un autre avantage de la Langstroth (qui est aussi son inconvénient en saison), est que les cadres sont un peu moins haut que les cadres de corps Dadant. Durant l’hiver, les abeilles forment une boule que l’on appelle la grappe. Cette grappe doit avoir accès à son miel pour survivre. Or il n’est pas rare de voir un essaim mourir de faim en Dadant alors que sur les côtés, il reste encore de la nourriture. La raison est simple : le miel était trop loin de la grappe. Sur cadre Langstroth, la grappe, manquant de hauteur sur les cadres, va avoir tendance à s’allonger légèrement en forme de ballon de rugby, lui permettant ainsi d’accéder plus facilement aux ressources latérales.
Mais son principal inconvénient semble avoir raison de ce modèle. Lorsqu’un corps (placé en hausse) est plein, il pèse trop lourd pour un seul homme, le rendant difficilement manipulable.
Le modèle Dadant, comme dit précédemment, dispose d’un corps légèrement plus haut. En revanche, les hausses font l’exacte moitié du corps. Le premier avantage, vous l’avez compris, c’est le poids de ses hausses, allant de 18 à 20 kilos. Le second, moins évident de prime abord, consiste dans le fait qu’il est tout à fait possible de superposer deux hausses pour constituer un corps. Pratique si l’on manque ponctuellement de matériel, mais aussi pour de multiples manipulation et/ou conduite. Je pense notamment à la ruche divisible, consistant à ne posséder que des hausses et cadres de hausses. Il s’agit d’une conduite à part entière, nous ne l’aborderons donc pas dans cet article.
La ruche Warré, une ruche à part.
Elle présente beaucoup d’avantages mais aussi de gros inconvénients. Elle est composée de plusieurs corps identiques de 8 cadres, superposés les uns sur les autres créant une sorte de cheminée. Elle a été conçue pour ne pas avoir de cadres, mais des barrettes faisant office de têtes de cadres, à partir desquelles les abeilles construisent leurs bâtisses.
Bien que souvent décrite comme une ruche naturelle, elle ne l’est pas plus qu’une autre dès lors qu’on a compris que ce sont bel et bien les choix de l’apiculteur qui feront la différence.
Ce qui me séduit dans cette ruche, c’est d’une part, et vous l’aurez compris, l’interchangeabilité des corps ainsi que leur légèreté, mais aussi et surtout le fait de ne pas avoir besoin d’introduire de cire gaufrée, souvent polluées, voire rejetées par les abeilles pour peu qu’on leur en laisse le choix.
Il n’est par contre pas possible d’extraire le miel des Warré dans des extracteurs. La récolte passe forcément pas la destruction manuelle des gâteaux de cires (ce qui est une très bonne chose pour l’abeille ! ne vous y trompez pas !), rendant son exploitation en grand nombre fastidieuse. Le miel est également parfois décrit comme “trop fort”. Certains ne l’apprécient pas.
En conduite classique Warré, il convient de laisser les abeilles édifier leurs bâtisses sur la base de barrettes. Mais alors, les bâtisses sont collées aux parois du corps, mais aussi et surtout entre les corps, rendant toute intervention de démontage, inspection (pas forcément utile en Warré) ou récolte assez fastidieuse, un peu comme la ruche tronc décrite plus haut, mais dans une moindre mesure quand même.
Mais pour moi, le plus gros point négatif est dans sa conduite. Les corps/hausses se placent par le dessous. Ce qui veut dire que quand vous avez une colonne de 4 ou 5 corps, il faut soulever l’ensemble ou démonter la colonne pour y glisser un nouvel élément. Sachez que des alternatives existent, mais on perds alors une bonne partie des intérêts.
A noter que cette ruche n’est pas parfaitement adaptée aux climats chaux du sud de la France et que dans ce cas, il convient d’aménager des trous d’aération dans les éléments.
Alors ? Quel modèle de ruche finalement ?
Dans la plupart des régions, toujours dans une optique de conduite la plus facile et la plus naturelle possible :
- Pour la disponibilité du matériel, la facilité de conduite, je conseillerais de s’orienter vers la Dadant, particulièrement si votre projet à moyen terme consiste à posséder plusieurs ruches.
- Pour une, voire deux ruches au fond du jardin, dans un climat pas trop caniculaire, mais en optant pour une conduite sur cadres non filés non cirés, la ruche Warré pourra pleinement vous satisfaire.
Les autres modèles de ruches, bien que présentant certains avantages, ne sont : soit pas assez répandus chez les fournisseurs, soit mal adaptés à certaines régions.
A noter toutefois que la ruche Voirnot me parait très adaptée à la population des essaim d’abeille locale ainsi qu’à la plupart des régions. Malheureusement, cette abeille étant supplantée par des races plus prolifiques, et le matériel étant moins répandu, j’ai écarté ce modèle.
Pour ce qui est de la TBH ou ruche Kényane, n’en ayant jamais possédé, je ne parlerai pas de ce que je ne connais pas. Mais à première vue, de par sa conception horizontale, elle ne me semble adaptée qu’à des climats chauds. Ce n’est qu’une impression, je peux me tromper. Par ailleurs, se lancer en apiculture avec cette ruche peut présenter l’inconvénient de faire des erreurs dans une ruche que peu connaissent et ainsi manquer de conseils.