Vous vous êtes peut-être posé un jour la question de savoir ce que les apiculteurs ou encore les médias appelaient “apiculture naturelle”.
Les fondements de mes pratiques se basant sur une apiculture dite naturelle, j’ai souhaité vous proposer quelques éclaircissements.
Comment imaginer décider à sa place quand on voit ce que l’abeille est capable d’accomplir par elle même ?
Ce terme est aujourd’hui employé différemment selon qui en parle, et on finit par ne plus vraiment savoir ce que ça implique.
La réponse immédiate qui vient à l’esprit de la majorité des gens est le bio. Ce qui est une évidence en raison des protocoles non chimiques que ce label impose.
Vu du côté des apiculteurs amateurs ou pro, l’apiculture naturelle s’apparente le plus souvent à conduire les colonies d’abeilles dans un modèle de ruches appelées “ruche warré” ou encore “ruche populaire”.
Comme tous les apiculteurs, j’ai longtemps pensé qu’il s’agissait d’une conduite sans traitements (ou le moins possible), dans un cadre prolifique pour nos abeilles.
Le problème n’est pas tant d’utiliser des produits sains, mais bien de respecter le mode de vie de l’abeille.
Sans entrer dans les détails techniques, on peut très bien n’utiliser aucun produit chimiques ou encore opter pour une conduite bio tout en martyrisant les abeilles.
Je vais pas me faire que des amis là… 😉
En apiculture intensive, on peut littéralement essorer une ruche, l’épuiser jusqu’à la limite de son déclin et recommencer l’année suivante. Le pire, c’est que c’est assez facile.
Mieux encore, on peut le faire avec le soutien moral et soit disant scientifique de nombreux auteurs qui nous enseignent depuis les années 50 comment élever les abeilles contre nature.
Parce qu’il s’agit bien de ça. D’aller contre la nature !
L’abeille a vécu (et bien mieux vécu) des millions d’années sans l’homme. Elle s’est adapté à son milieu et à son évolution sur des millions de générations. Elle a élaboré un mode de reproduction excluant la consanguinité et a appris à luter contre les maladies auxquelles elle était confrontée.
Puis quelques génies ayant oublié de prendre un peu de recul pour mieux voir ce qu’ils étaient réellement en train de faire, ont décidé de modeler l’abeille selon leurs souhaits. Un des plus connus étant le frère Adam, qui a passé sa vie à jouer à Dieu en créant une nouvelle espèce d’abeille. Cherchez l’erreur…
Import en masse de races d’abeilles non adaptées au milieu, croisements hasardeux visant soit disant à augmenter la productivité, nourrissement avec des produits de substitution tels que le blanc d’œufs (sisi vous avez bien lu !), manipulations complexes et fréquentes des colonies, et j’en passe… Le plus important à mon sens étant les tentatives de supprimer la multiplication de l’espèce en lutant contre l’essaimage ainsi que celles visant à supprimer la sélection naturelle.
Résultat : en même pas 30 ans, on a eu une abeille transformée, fragilisée, parasitée, malade et de plus en plus éloignée de son mode de vie réel.
Je ne parle volontairement pas de l’empoisonnement des abeilles par les pesticides et les pollutions, car il s’agit d’un autre (vaste) sujet.
C’est en laissant des colonies à l’abandon que je me suis rendu compte de mon erreur.
Par manque de temps, j’avais laissé de côté quelques ruches pendant une bonne année, livrées à elles même. Pas de traitement, pas de nourrissement, pas de visite intempestives.
Un à deux ans après donc, je suis allé sur ce rucher simplement pour récupérer le matériel des ruches que je pensais mortes. A ma grande surprise, j’ai trouvé des ruches en parfaite santé. Je veux dire par là, en bien meilleur état que les ruches que je bichonnais tant et tant à coup de sirop de stimulation, de traitement anti varroa (parasite de l’abeille), de remplacement de reines issues d’une sélection “totalement” maitrisée… Bref, j’étais interloqué. Je savais pas trop quoi en penser.
Cette même année, en visitant mes ruchers vers la fin de l’hiver, j’ai trouvé plusieurs ruches dont le toit s’était envolé. Les abeilles étant soumises au froid et aux intempéries, j’ai immédiatement remis en place les toits tout en me disant qu’elles n’iraient pas bien loin. Probablement que la grappe voire la reine étaient déjà mortes de froid ou de faim.
Je me suis souvenu de mes ruches abandonnées retrouvées quelques temps plus tôt et j’ai alors décidé de les suivre sans intervenir.
En apiculture, une chose est sûre, c’est qu’il ne faut jamais présumer de rien.
Imaginez ma surprise quand je me suis aperçu que non seulement tout ce petit monde avait survécu, mais qu’en plus, c’était justement ces même ruches qui ont produit jusqu’au double de la moyenne des ruchers sur lesquels elles étaient ! Et ce, je vous le rappelle, sans aucun traitement ni stimulation !
Au calme de l’hiver qui a suivi, j’ai essayé de comprendre ce qui s’était passé et suis arrivé à une conclusion qui parait tellement simple et évidente, mais qui pourtant est assez éloignée de ce qu’on nous enseigne en apiculture depuis 60 ans : les laisser vivre par elle même ! Ce qui implique aussi de les laisser s’éteindre quand elle n’arrivent pas à faire face aux agressions !
La suite est logique en apiculture.
J’ai testé, testé et encore testé. Échoué aussi. Trop souvent d’ailleurs. Comment gérer l’essaimage ? Comment ne plus traiter ? Comment ne plus nourrir ? etc. Bref, désapprendre tout ce que j’avais pu apprendre dans ma vie d’apiculteur.
Cette remise en question a fini par payer. Aujourd’hui, il est très rare que je perde une colonie, et quand ça arrive, c’est uniquement par ma faute. Elles ont quasiment toute une production largement au dessus de la moyenne nationale (moyenne qui n’a de sens que pour celui qui la publie, je vous l’accorde).
Je me doute que bon nombre d’apiculteurs en sont arrivés à la même conclusion que moi et que je n’ai rien inventé. Mais à ma connaissance, personne ne l’enseigne de manière simple et compréhensible par tous.
C’est “cette apiculture naturelle” que j’ai décidé de partager.
Certains ne jurent que par tel ou tel type de ruche, tel ou tel moyen d’extraction etc. Le “mac ou pc” de l’apiculture en quelque sorte. Peu importe tout ça, peu importe le matériel, et je dirais même peu importe la race !
Bien que le sujet de la race soit à mon sens au cœur du débat sur le déclin des abeilles, c’est un vaste sujet qui sera abordé par ailleurs.
Ce qui est important, c’est la méthode et la démarche.
- Une démarche qui ne se contente pas de se focaliser sur l’abeille mais qui justement nous fait faire un petit pas sur le côté, histoire d’avoir un autre angle de vue sur la problématique. Une vision sur l’abeille, mais aussi sur ce qui l’entoure. Et ça inclut l’Homme.
- Une méthode simplifiée à l’extrême, d’apiculture de loisir, à la portée de tous, applicable quasiment du jour au lendemain, plus basée sur l’observation et la contemplation que sur l’intervention.
Concernant la nature, ce que je sais, c’est que je ne sais rien. L’interventionnisme, dans quelque domaine que ce soit, nous le montre systématiquement. A condition d’ouvrir les yeux bien sûr…
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